Du romantisme à l’impressionnisme en passant par le cubisme, Honfleur, près du Havre, a toujours inspiré les peintres. Berceau de l’impressionnisme, le petit port normand a vu défiler Eugène Boudin, Claude Monet et Johan Jonkind. Perchée au-dessus de la ville, la ferme Saint-Siméon accueille les artistes de passage… À la découverte de cette “cité des peintres”.
Eugène Boudin, pionnier de l’impressionnisme et du « plein air »
Eugène Boudin, amoureux de sa Normandie natale, fut l’un des premiers peintres français à quitter son atelier pour peindre des paysages. Les peintres marins aimaient capturer le temps, les nuages et les espaces ouverts. En extérieur, le soi-disant “Roi du Ciel” pouvait réaliser des scènes rapides et animées.
En 1858, dans une boutique du Havre, Eugène Boudin, ami de Charles Baudelaire et de Gustave Courbet, rencontre le caricaturiste de 18 ans Claude Monet. Eugène Boudin, interpellé par le jeune homme, l’emmène le voir peindre dans la région. C’est une véritable révélation pour Claude Monet. Il se retourna et dit : « En y regardant de plus près, il sembla que tout à coup le voile s’était déchiré. J’ai compris, j’avais saisi ce qu’était la peinture.”
Le passage de tous ces grands noms de la peinture a laissé des traces. Connue comme la « Cité des peintres », Honfleur abrite aujourd’hui plus de 80 galeries d’art.
La Charrette. Route sous la neige à Honfleur
Ce paysage de Honfleur a été daté 1865 par Monet après avoir été offert au Louvre en 1911. Cependant, une correspondance d’un peintre local, Alexandre Dubourg, suggère une date ultérieure, rappelant la scène de neige peinte par l’artiste en 1867. Le toit de la ferme Saint Siméon, lieu de rencontre des peintres qui travaillaient régulièrement.
Troyon, Daubigny, Corot, Courbet, Boudin, Jonquin, Bazille… et bien sûr Monet.
En choisissant de tels sujets, ce dernier suit l’exemple de Courbet qui utilise des paysages enneigés dans diverses scènes de genre. Mais contrairement à son aîné, dont le sujet principal reste le cerf au chasseur et ajoute à l’anecdote, Monet peint surtout des paysages déserts, accordant aux charrettes et à leurs occupants un rôle très secondaire. Le paysage enneigé a permis à Monet d’étudier les changements de lumière et de jouer avec les nuances. Les artistes utilisent un nombre limité de couleurs pour renouveler la représentation d’un paysage. Il préfère les tons de terre, les tons bruns et les tons bleus. Plutôt que de représenter l’arrière-plan comme un blanc uni, nous l’atténuons de quelques tons pour lui donner une irisation réfléchissante.
Ainsi, à la fin des années 1860, Monet peint plusieurs “effets de neige”, dont le célèbre gâteau d’hiver de 1868-1869 (Musée d’Orsay) est sans doute le plus notable. . En décembre 1868, dans une lettre à son ami Bazille, il confesse que la campagne normande est “probablement plus agréable en hiver qu’en été… “.
Claude Monet – Rue de la Bavole, Honfleur
Datant des débuts de la carrière de Monet, cette vue des rues du vieux port de Honfleur est un sujet relativement traditionnel, peint très simplement et directement. La palette de couleurs pures et contrastées de Monet s’écarte radicalement de la pratique conventionnelle consistant à créer des tons généraux à travers de subtils dégradés de couleurs.